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Les effectifs des Ehpad doivent être revus à la hausse


Dans le cadre de la future loi Grand âge et de la concertation sur l’Ehpad de demain, l’enquête de la Conférence nationale des directeurs d’établissements pour personnes âgées et handicapées établit une analyse détaillée des effectifs dans les Ehpad publics. Elle explique les conséquences de la situation actuelle et ce que permettrait un nombre de personnels soignants plus important.

« Il faut significativement revoir à la hausse les effectifs soignants : tout le monde s’accorde aujourd’hui à le reconnaître. Il est désormais nécessaire d’en définir le niveau », observe la Conférence nationale des directeurs d’établissements pour personnes âgées et handicapées (CNDEPAH). Elle se prononce pour une augmentation de 17,1 postes (équivalent plein temps) pour 100 lits, dont 12,1 aides-soignants et 5 postes d’encadrements intermédiaires).
Elle propose également une poursuite de la qualification des personnels des Ehpad. Le poste clé d’aide-soignant est mis en avant. Seuls 1 % des aides-soignants sont formés comme aides-soignants en gérontologie.

Les conséquences du manque d’effectifs soignants

Toilette corporelle. « C’est un temps important de la matinée : mais les ratios en personnel actuels amènent à ce que chaque soignant accompagne environ 10 résidents. Un temps long, donc, qui ne permet de terminer la prise en charge des résidents au titre de leur toilette (incluant le lever, la toilette à proprement parler, l’habillage et la réfection du lit) que vers 11 h 30. Et d’y consacrer environ une vingtaine de minutes pour chaque résident… Des douches et des bains sont proposés aux résidents. Dans la majeure partie des Ehpad, l’ambition est de proposer un bain ou une douche par semaine. Cet objectif ne peut pas être atteint à ce jour […]. »
Incontinence. 70 à 90 % des résidents sont concernés selon les Ehpad. Les soignants assurent la prise en charge de l’incontinence des résidents. Les effectifs moyens ne permettent pas de développer une véritable politique de mobilisation des capacités résiduelles des résidents, ni de prévention, pas plus que des actions régulières visant à chercher la rééducation des résidents incontinents.
La course quotidienne contre le temps ne permet pas de dédier du temps relationnel de qualité et génère de la frustration mais aussi de l’épuisement par un travail encore trop taylorien.

Ce que des effectifs soignants plus nombreux permettraient

« Grâce aux ratios améliorés, le temps soignant par jour le serait bien évidemment aussi : on passerait de 43 minutes à 65 minutes par résident en moyenne en matinée et de 28 minutes l’après-midi à 43 minutes.
C’est évidemment mieux et cela permettrait d’améliorer l’aide aux repas, de rendre au temps du repas toute son importance, d’atteindre l’objectif d’un bain ou d’une douche par semaine, de mieux respecter le rythme individuel des résidents, de développer un temps relationnel plus satisfaisant, incluant des temps d’animation thérapeutique.
Chaque soignant prendrait en charge environ 7 résidents et non plus 10.
Cela permettrait par voie de conséquence de développer les suivis nutritionnels, d’hydratation, d’améliorer le suivi bucco-dentaire des résidents, trop souvent délaissés.
Cela permettrait aussi de renforcer les temps de prévention à destination des résidents les plus autonomes qui n’en bénéficient presque pas à ce jour […].
Cela permettrait de renforcer significativement les temps de stimulations des capacités restantes des résidents et de moins faire « à leur place », faute de temps […].
Cela permettrait de proposer à la fois une présence plus humaine, plus réconfortante et rassurante, mais aussi plus professionnalisée. Le soignant serait plus disponible et moins stressé.
Dans ce schéma de service, on inverse une tendance : dans une logique plus domiciliaire, c’est le soignant qui doit s’adapter aux résidents et non le contraire.
Cela permettrait aussi de reconnaître et renforcer les temps de transmissions, les temps dédiés aux projets de vie, les temps relationnels avec les familles… »
Des effectifs plus nombreux, des personnels plus qualifiés et reconnus pour le bien-être des résidents et des relations constructives avec les familles sont des objectifs partagés et attendus par la CFDT.

Jacques Rastoul

Note. La présidence de la CNDEPAH est assurée par Emmanuel Sys du syndicat national des cadres et directeurs de la santé et du médico-social Syncass CFDT).

La Conférence des directeurs d’établissements pour personnes âgées propose une poursuite de la qualification des personnels des Ehpad.
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